Oberhoffen – Nicolas Heinrich, un nouveau cru pour l’alambic

Il a 22 ans et souhaite sauvegarder les traditions et le patrimoine de son village. Dans le cadre de ses études à l’IEF de Strasbourg, il doit aussi rédiger un mémoire: d’une pierre deux coups, Nicolas Heinrich a fondé l’association des Bouilleurs de cru d’Oberhoffen-sur-Moder.

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Les membres de l’association, dont Patrick Heinrich au milieu, président, et Nicolas à droite.

De tout temps, les bouilleurs de cru ont distillé le schnaps issu de la récolte de leurs parcelles, avec l’alambic du village. Mais au fil des décennies, les coopératives d’agriculteurs ont été dissoutes comme celle d’Oberhoffen en 2019, et les alambics destinés à la ferraille. C’était sans compter sur Nicolas et Patrick Heinrich. « Quelques habitués distillaient toujours pour leur consommation personnelle, dont mon père, se souvient Nicolas. Il est donc allé voir les douaniers à Haguenau, et pour sauvegarder l’alambic, le plus simple était de créer une association. »

Nicolas Heinrich a fait rénover le vieil alambic du village. / ©DR

Transmettre et sauvegarder les traditions

Chose dite, chose faite, l’association des Bouilleurs de cru d’Oberhoffen-sur-Moder voit le jour en mai 2021, avec douze membres distillateurs et une quarantaine d’adhérents qui les soutiennent. L’alambic fait un tour chez l’unique chaudronnier, à Rhinau, histoire de faire peau neuve. Et Nicolas tient son sujet de mémoire de Master en management : « Comment transmettre et sauvegarder les traditions ». Il se rapproche des fédérations, des distilleries, des arboriculteurs, et crée toute une communication autour de l’association pour
recruter : publications dans le mensuel du village, site internet, compte Tiktok, etc.

Si son père a appris l’art du bouilleur de cru de son voisin, aujourd’hui Nicolas est le plus jeune à distiller. Son objectif est de « maintenir la tradition en passant le témoin à de nouveaux jeunes ». Pour cela, une petite formation est nécessaire, « ça s’apprend, mais tout le monde a le droit de distiller les fruits de sa propriété », avance Nicolas. Très au fait sur le sujet, il explique que « les fruits fermentent cinq à six semaines en fûts, puis en octobre-novembre, on commence avec les mirabelles, deux distillations puis une filtration, on met en bonbonnes avant de déguster ».

Viennent ensuite les prunes, les pommes, mais aussi les figues cette année : « Une première » qui aura lieu en mars.