Octobre rose, le combat continue

Sensibiliser au dépistage du cancer du sein et récolter des fonds pour la recherche sont les buts de cet évènement au ruban rose. La 27e campagne d’information Octobre Rose permet de rappeler qu’une femme sur huit sera concernée au cours de sa vie, que le risque augmente avec l’âge, que c’est le cancer le plus fréquent chez la femme en France, mais que plus un cancer du sein est détecté tôt, plus les chances de guérison totale sont grandes. Une mammographie de qualité pratiquée tous les deux ans réduit de 30% la mortalité liée au cancer du sein. Les hommes peuvent également développer un cancer du sein. Ils représentent 1% du nombre total de cancers du sein et 0,5% des cancers masculins. Aujourd’hui, plus de 3 cancers du sein sur 4 sont guéris, mais le combat contre la maladie continue. Il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, nous avons lu le très beau texte de l’auteure Nina Moutski qui en dit beaucoup plus que les chiffres. Elle nous a autorisés à le publier ici.

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Témoignage – Mina Moutski

Auteure des Polars Vent d’est et de Non retours publiés aux Éditions du Bastberg.

« L’histoire commence en juillet 2015 dans un centre d’imagerie médicale où j’effectuais une mammographie de contrôle. Un examen de routine.  « Vous voyez ces petits points blancs, Madame ? » Je suis statufiée et muette. J’écoute le radiologue faire son boulot et je fixe le cliché en noir et blanc. J’y observe une multitude de petits quartiers de lune. J’apprends qu’ils peuvent ne rien révéler de particulier, mais aussi être les symptômes d’une activité cancéreuse.  Des images se bousculent dans mon esprit : ma grand-mère, qui a passé des décennies à rembourrer son soutien-gorge, ma fille à qui il reste deux années d’études supérieures avant de prendre son envol, mon homme, nos projets, mes parents, mon boulot, sans parler de mon premier polar, pour lequel je suis en quête d’un éditeur… Je reviens à la réalité lorsque le médecin m’explique que je vais devoir passer une IRM.

Août 2015. Couchée à plat ventre dans un tube bruyant qui me photographie de l’intérieur, j’ai l’impression que ma vie va basculer. Je tente de me rassurer. Je dois partir en Corse trois jours plus tard, cette perspective me procure un sentiment d’invincibilité et de liberté aussi factice que bienvenu. Je me rhabille et je rejoins le radiologue. «Il faut faire des examens complémentaires, une biopsie. Partez en vacances, on fera ça à votre retour début septembre».

À la rentrée, l’ordinateur qui pilote la machine de prélèvement est en panne. J’en prends pour un mois de suspense supplémentaire avant de pouvoir enfin savoir si un maléfique secret se cache en moi. Le verdict finit par tomber.

«Vous n’êtes pas malade. Mais il y a une activité cellulaire anormale. Impossible de dire comment cela va évoluer. Votre probabilité de déclarer un cancer du sein dans les cinq à dix prochaines années est élevée». J’ai le choix de continuer à vivre ma vie avec des contrôles assidus tous les trois mois ou bien de décider d’une opération préventive. Cela s’appelle une mammectomie bilatérale sous-cutanée.  Paradoxalement, ma première pensée ce jour-là fut de me dire que j’avais de la chance. Celle de vivre dans un pays qui prend en charge la prévention et qui m’offre la possibilité d’un tel choix. Combien de femmes dans le monde peuvent le faire ?

En amont de ma décision, j’ai lu tout ce que le web comptait d’articles et d’interviews d’Angélina Jolie. La vie des «people» ne m’intéresse pas, mais elle avait largement communiqué sur sa mammectomie, dans l’espoir que son témoignage puisse aider des femmes qui se trouveraient dans une situation similaire. Je n’ai pas la notoriété d’une star mondiale et je préserve jalousement mon intimité. J’ai cependant choisi de raconter parce qu’il y a peut-être, quelque part, une femme touchée dans son corps et tourmentée par les mêmes questions que celles que j’ai pu me poser. Si ce texte ou une discussion peuvent l’aider à trouver sa réponse à sa situation, pourquoi garder ce vécu pour moi ?

Mon opération a eu lieu en mai 2016 et la reconstruction définitive début 2017. J’ai fait les ultimes corrections de «Vent d’Est – U Grecale» durant ma première hospitalisation. Les infirmières s’étonnaient de mon assiduité, me trouvant le nez dans mon ordi à chacun de leurs passages. De mon côté, je ne voyais pas les heures passer. J’étais ailleurs, loin de ma chambre d’hôpital, par la force de mon imagination. Dire que le chemin fut facile serait mentir. Mais sans la mammographie de contrôle, il aurait été nettement plus compliqué, les analyses post-opératoires l’ont confirmé. Le suivi et la prévention m’ont permis d’être plus rapide que le développement de la maladie.

Chaque année, Octobre rose fait remonter en moi les souvenirs de cette course gagnée. La prévention, de même que le professionnalisme des médecins, chirurgiens et personnels infirmiers ont été déterminants et rassurants. Mon libre arbitre, mon corps et mon identité ont été en permanence scrupuleusement respectés. De plus, jamais le regard de l’homme qui partage ma vie n’a vacillé et jamais il n’a eu l’idée de me dire ce que j’avais à faire. J’ai eu la chance de ne pas être malade, grâce à une chaîne humaine sans failles… Une chaîne dont le point d’attache est une ligne sur une liste de choses à faire, un jour de mai
2015 : «Prendre RDV mammo».

Mina Moutski, Octobre 2020


 

Le cancer du sein est une tumeur maligne qui touche la glande mammaire. Les cellules malignes se multiplient de manière désordonnée jusqu’à créer une tumeur qui s’attaque aux tissus sains avoisinants. Il est important de surveiller les modifications de sa poitrine et de procéder à des examens réguliers de dépistage. Toute grosseur nouvelle au sein ou à l’aisselle, toute modification de la forme ou de la taille de votre sein, tout écoulement par le mamelon, ou tout changement de l’aspect de la peau du sein ou de l’aréole doit être signalé à votre médecin. Le cancer du sein se présente le plus souvent sous la forme d’une petite boule qui peut être palpée parfois par la patiente elle-même. Cette petite boule peut également être visible sur une mammographie. Heureusement, dans la plupart des cas, il ne s’agira pas d’un cancer, mais d’une tumeur bénigne : sur cinq grosseurs examinées, quatre sont totalement bénignes.