Pluie, gelées, canicule, monoculture… : aura-t-on du miel cet hiver ?

Après une année 2021 pluvieuse et catastrophique en termes de quantités de miel, la récolte 2022 s’annonce tout aussi faible en Alsace du nord. La faute aux gelées tardives puis à la canicule, selon Gérard Lickel, apiculteur à Pfaffenhoffen et président de la Fédération des apiculteurs qui en compte 3500 dans le Bas-Rhin.

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Gérard Lickel s’occupe de ses ruches mais aussi de formations et d’animations. / ©DR

Comment s’annonce la récolte de miel 2022 ?

Gérard Lickel : Cette année, pour la récolte de printemps, tout allait très bien, entre guillemets. C’était déjà moins bien pour l’acacia secteur Haguenau-Pfaffenhoffen, avec le 4 avril -7,8°C qui ont fait geler les fleurs… Et tout de suite après, la canicule : la récolte de miel de châtaignier est assez faible, car les fleurs étaient desséchées dès 7h du matin ! Le sapin n’est pas mieux : on a eu un début de miellée en juin qui s’est altérée avec la chaleur. Maintenant on attend de voir les champs forêts…

Va-t-on manquer de miel ?

Officiellement, la France consomme dans les 35 à 40 000 tonnes de miel par an, et la production de l’année dernière était de 7 ou 8 000 T. Il y a deux ans, on est monté à 20 000 T, mais on est toujours en déficit de miel ! Or dans le Jura par exemple, avec un village tous les 15 km, ils n’arrivent pas à tout vendre et les grossistes le mettent en pot pour les grandes surfaces.

Aujourd’hui, quelle est la plus grande difficulté des apiculteurs ?

Les conditions climatiques et le bol alimentaire. On demande aux gens de manger 5 fruits et légumes par jour, on essaie de donner 5 pollens différents aux abeilles, mais avec la monoculture qui existe partout, d’immenses champs de tournesols ou de maïs, dès que la fleur est finie, il n’y a plus rien ! La CeA donne des subventions aux agriculteurs pour laisser des jachères, mais avec le manque d’huile actuellement, l’État a autorisé les jachères à être plantées…

La population d’abeilles est-elle malgré tout stable ?

On fait survivre nos ruches ! Certains apiculteurs ont eu des pertes de 70% l’année dernière à cause de la pluie. Une goutte d’eau sur une abeille et c’est la mort assurée. La ruche, ce n’est pas comme les êtres humains, il n’y a pas de caisse d’allocations familiales ! S’il n’y a rien qui rentre à manger, la reine arrête de pondre. Alors on donne des compléments alimentaires. Normalement, 2000 à 2500 abeilles naissent chaque jour, 1000 à 1500 meurent, alors si la reine descend sa ponte à 500 œufs, la ruche se réduit. Heureusement, il y a un peu de tournesols partout en ce moment, ça ne rapporte pas de nectar, mais au moins du pollen qui sert à nourrir le couvain.

Renseignements et formations sur apimoder.jimdofree.com