Quoi de neuf docteur ?

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Ma voisine était dans l’humeur d’un aventurier de Koh-Lanta qui n’a rien avalé depuis 30 jours, lorsque je l’ai croisée ce week-end. Elle m’a dit que l’actualité, cette putain d’actualité, lui plombait le moral, lui déglinguait le ciboulot, qu’en plus elle avait la crève, que le pollen n’était pas son ami et qu’elle pourrait prendre des parts chez Kleenex si ça continuait comme ça. J’ai répondu que c’était peut-être le covid, elle a dit que ça n’existait plus ce truc-là, vu qu’on n’en entend plus parler aux infos. Je pensais qu’elle allait rentrer chez elle comme d’habitude, mais elle m’a proposé d’entrer, de l’aider à éplucher ses carottes. Moi qui pensais qu’elles étaient cuites…

On a ouvert une bouteille d’un Alsacien sec pas dégueu et on s’est associé. J’épluchais, elle rappait. Comme un couple de bienheureux. En mordant dans une carotte, j’ai fait « quoi de neuf docteur ? », elle a ri. On était bien. Ensuite, on les a mangées, elle a ajouté que c’était bourré de vitamine B qui aide notre corps à métaboliser l’énergie des aliments et qui favorise la bonne santé de la peau et des cheveux. J’ai balancé que moi j’avais un secret pour rester jeune et beau : le collagène. C’est à ce moment-là que notre soirée est partie en vrilles, ma voisine a dit que là où y’a du collagène, y’a pas de plaisir. On a terminé la bouteille et on s’est gavé de chocolat qu’elle avait extorqué à ses petits-neveux le mardi de Pâques.

Depuis, lorsque je la croise dans les escaliers, je répète : Quoi de neuf docteur ? Ça nous rappelle cette soirée où j’ai terminé avec une crise de foi sur le canap’ de ma voisine. Comme quoi, éplucher des carottes ça rend aimable, mais ça n’éloigne pas le médecin.