The Graët pretender

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Ma voisine était d’une humeur joyeuse l’autre jour en sortant sa poubelle dans le froid matinal d’un matin d’hiver. Pourtant le ciel était bas nylon et mon moral dans mes chaussettes, à cause du spectacle du monde, et des hommes du monde qui se donnent en spectacle.

Mais comme ma voisine chantait, le sourire m’est revenu. C’était un tube des années 50, Oh yes I’m the great pretender, ooh ooh. Pretending I’m doing well, ooh ooh, un titre des Platters qui se traduit par Oh oui je suis le grand simulateur, ooh ooh, je fais semblant d’aller bien, ooh ooh. Je n’ai pas osé interrompre son interprétation digne de la nouvelle saison de The Voice, mais, alors que je la prendrais bien au téléphone si elle voulait m’entraîner dans son équipe, je me suis demandé si elle était vraiment heureuse, si ce n’était pas une posture cette façon de sortir les poubelles, ou une simulation pour reprendre les paroles de la chanson, comme un footballeur qui essaye d’obtenir un penalty.

J’ai l’impression, réseaux sociaux en étendard, que des tas de gens simulent un orgasme de sublime présence alors que la discrétion est sans doute la plus sûre méthode pour vivre heureux.

En ce lundi de Blue Monday, je repense à l’affaire Le Graët/Zidane et je me demande s’il n’y avait rien d’autre dans l’actu sportive ce jour-là, une belle histoire à raconter, une femme ou un homme exemplaire à mettre en avant ? Non, apparemment, on ne pouvait parler que de cette affaire de manque de respect à la légende Zizou (exemplaire, lui, tout le monde le sait), impossible de laisser les propos du président de la FFF là où ils auraient dû rester, c’est-à-dire dans les bas-fonds du savoir-vivre et de l’élégance. C’est le style Hanouna, toujours prêt à remuer la merde, toujours prêt à faire son buzz si cela sent très fort les poubelles.

Ça en dit long sur notre façon d’exister désormais dans notre monde peuplé de grands simulateurs, dans un système qui profite à des types comme Le Graët finalement, et aux donneurs de coups de boule médiatiques. Chacun tenant parfaitement son rôle. Comme dit la chanson des Platters, Oh yes I’m the great pretender, Just laughing and gay like a clown : Oh oui, je suis le grand prétendant, riant et gai comme un clown. Bon, Noël Le Graët sur Zidane, y’avait péno ou pas ? Franchement, perso, je m’en tamponne le coquillard !