Chez moi derrière la lune, hender’m Mond d’Heim, on ne va pas se mentir, on adore schwàttle (bavarder) ! Pour ma part, la pratique de cet art date de l’école primaire, pas un bulletin sans une remarque concernant le Gschwàttels (bavardage). Pour ça évidemment il faut être au moins deux, mais, autant le dire, à l’école, nous étions une belle bande de Ratschè (commères). Ohnè è besès Mül zè hànn nàtirlich (sans être mauvaise langue, naturellement). Et puis c’est devenu une habitude ; personnellement je ne compte plus le nombre d’interlocuteurs exaspérés qui m’ont demandé ob isch Bàbbelwàsser hab (si je souffre d’un flot de paroles, si j’ai la parlotte)…
Mais il n’y a pas que moi, en attestent les longs discours wie manchi runter plàpperè (que certains jacassent) avec en prime, le plaisir de s’écouter parler. C’est ce qu’on appelle un peu péjorativement e güeti Babüll hànn (avoir la langue bien pendue), à Schluffler senn (être un grand parleur). Pourtant c’est utile d’avoir de la répartie, mer soll nett emmer s’Mül hàltè (on ne doit pas toujours se taire). La vie étant bien faite, il existe de tout parmi nous : der eint esch nett uff s’Mül gfàllè (l’un n’est pas tombé sur la bouche), em ànderè müesch d’Werm üss dè Nàs zejè (à l’autre il faut lui tirer les vers du nez) ! Il y a ceux wie nin reddè (qui coupent la parole) et ceux wie d’Zung sewè Mol em Müll draajè (qui tournent leur langue sept fois dans leur bouche avant de parler). J’en connais aussi wie àlls drum erum bàbble (qui tournent autour du pot) et d’autres qui revendiquent «es léjt mer uff dè Zung» (je l’ai sur le bout de la langue). Depuis que je suis maman, j’avoue que parler me paraît quelquefois pénible, ich kànn mer mànch Mol s’Müll frànslich bàbblè (il m’arrive de parler au point que ma bouche ait des franges = s’évertuer à parler sans grande conséquence…) à répéter, expliquer, rabâcher…
Si bien qu’au bout de mon exposé, mon fiston finit souvent par me répondre : «Dü bàbbelsch à Küh sterich» (tu parles au point de donner à une vache une colère de taureau = tu me rends chèvre). Sur ce, halt ich jetzt mini Klap’ (maintenant je ferme mon clapet) avant que l’on ne m’accuse de schnàwle (radoter).