lundi 16 juin 2025
- Publicité -
AccueilLes actusRégionAlsace - Parlons Franc, roi des paysans

Alsace – Parlons Franc, roi des paysans

À 28 ans, le Kaysersbergeois Florian Dillenseger est profondément enraciné dans son territoire et s’est érigé en porte-parole du monde paysan. Peu importe où sa vie l’a mené, il a toujours fini par revenir sur ses terres, dans ses vignes qu’il affectionne tant. Son amour pour la paysannerie, il a décidé de le transmettre et de le défendre sur les réseaux sociaux, en devenant Parlons Franc, un influenceur « terroir » pas comme les autres aux punchlines bien senties. Et en moins de deux ans, il a déjà franchi le cap des 130 000 abonnés. Maxi Flash est allé à sa rencontre.

Vous avez commencé Parlons Franc en septembre 2023. Comment en êtes-vous arrivé à faire des vidéos ?

J’ai un parcours chaotique, avec moult pérégrinations. J’ai fait une école de marketing, parce que c’est très à la mode. Mais à la fin de la première année, je me suis dit : « C’est vraiment ça que j’ai envie de faire toute ma vie ? ». Alors je suis parti pour deux ans d’Histoire à Strasbourg. J’ai toujours été amoureux de cette discipline. Mais je me suis rendu compte que la faculté, ce n’était pas pour moi. À part la fête, je n’ai pas fait grand-chose (rires).

Ensuite, je suis parti sur un coup de tête à Paris, pour faire le Cours Florent, pendant deux ans. J’ai adoré, j’ai appris beaucoup sur moi. Puis au moment du Covid, j’ai pris le dernier train pour Strasbourg et après le confinement, j’ai rejoint le théâtre de la Choucrouterie. Là encore, au bout d’un an je me suis demandé : « J’ai vraiment envie de rester ici, à la ville ? ». Donc je suis retourné là d’où je viens, à Kaysersberg, à la campagne. Même avant, quoi que je fasse, je finissais toujours par revenir. Voilà comment j’ai intégré la boîte familiale, pour bosser en tant que paysan, producteur de fruits. Mais je ne pouvais pas perdre mes trois ans de théâtre comme ça. C’est là que je me suis dit : « Et si je faisais une chaîne YouTube qui parle de tout ce que j’aime, de l’histoire de France, de la culture française ? ».

Du coup je me suis lancé, avec mon petit frère qui venait de créer sa boîte de production vidéo. On peut être jusqu’à cinq à travailler sur Parlons Franc.

Donc au début, vous traitiez essentiellement d’histoire ?

Oui, et d’artisanat. Puis il y a eu une mutation. Beaucoup de monde fait déjà de l’histoire, et très bien. À l’inverse, pas assez parlent de la paysannerie et de l’agriculture.

On s’est aperçu qu’aujourd’hui, les gens n’ont plus conscience d’où ils viennent. Ils portent leurs regards sur l’autre bout du monde. Nous, ce qu’on veut, c’est les recentrer sur l’endroit où ils vivent, qu’ils voient ce qu’ils ont autour d’eux.

C’est très important de se réimplanter dans nos territoires. Nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents étaient paysans. Je le suis aujourd’hui. Je m’en serais voulu si quelqu’un d’autre que moi avait abordé ces sujets. Donc j’ai pris ma salopette, mon béret, et on a commencé à axer Parlons Franc sur le terroir, la paysannerie, l’artisanat et les produits de proximité. Je mets ma petite pierre à l’édifice pour sensibiliser, montrer que c’est possible de consommer de façon raisonnée, en circuit court.

Florian Dillenseger part régulièrement à la rencontre des producteurs locaux, comme ici, dans sa dernière vidéo sur l’Asperge d’Alsace. Une équipe, jusqu’à 5 personnes, travaille sur la chaîne YouTube Parlons Franc. / ©Documents remis
Avec Parlons Franc, vous incarnez un personnage ?

C’est une bonne question. Je me suis fait une panoplie du paysan : le béret, la moustache, la salopette. Mais ce n’est pas pour autant un personnage. Dans mes vidéos, je suis toujours moi, je parle comme dans la vraie vie. Et je pense que c’est aussi pour ça que ça fonctionne, les gens voient bien que je ne suis pas juste un clown, mais que c’est ma manière d’être dans la vie de tous les jours.

La moustache par exemple, je l’ai depuis mes 17 ans. Mon grand-père, vigneron, a eu beaucoup d’impact là-dessus.
Je l’ai toujours vu avec une moustache et il avait toujours une salopette bleue, peu importe la saison, le temps. J’ai simplement estimé que, pour parler de paysannerie, je devais le faire comme je la connais.

Pour revenir à la moustache, c’est aussi une façon de rendre hommage aux Poilus, parce que j’ai grandi avec l’image de ces héros moustachus.

Aujourd’hui, vous avez plus de 200 000 abonnés, tous réseaux confondus. Ça y est, vous êtes un influenceur ?

Je ne sais pas. Peut-être. L’influenceur est mal vu et ça ne veut plus dire grand-chose. Ça a probablement plus de sens si on rajoute le mot terroir à côté. C’est certain que j’influence les gens, tout comme je pense que la première personne à être influencée, c’est moi. Je passe des heures à écouter des émissions et ça forge aussi ma façon de penser.

Récemment, par exemple, j’ai fait une vidéo sur la loi Duplomb. Je ne comptais pas l’évoquer, avant que des amis m’envoient une vidéo de Hugo Clément qui en parle.

« Dans notre pays on a un terroir magnifique. Aimons-le coûte que coûte »

Finalement, quel est votre objectif avec Parlons Franc ?

Il n’y a pas un pays plus politisé que la France. Et j’en ai marre que tout le monde ne s’entende sur rien, que le moindre sujet soit une excuse pour se foutre sur la gueule, tout ça parce toi t’es de gauche et toi de droite.

Parlons Franc, c’est le pari de dire que vous pouvez penser ce que vous voulez, tout ce qui compte, c’est qu’on se rejoigne sur une seule chose : le monde paysan est important. Dans notre pays on a un terroir magnifique. Aimons-le coûte que coûte.

Vous pourriez vivre uniquement de cette activité sur les réseaux sociaux ?

Non, mais mon but, c’est bien de passer à 100% sur Parlons Franc. J’ai l’impression que je serai beaucoup plus utile pour mon pays et la paysannerie française en tant qu’influenceur et vulgarisateur, qu’en étant dans mes vignes. J’aime ma terre, mais je suis convaincu que je peux faire plus en tant que porte-étendard du bon sens paysan, en tant que « roi des paysans » comme je le dis avec humour sur Instagram (rires). Mais malheureusement, ce monde que je défends, il a peu d’argent et la vidéo, ça coûte cher. En plus, j’ai tendance à ouvrir ma gueule et à cracher sur tout ce qui me déplaît (rires), alors je peux comprendre qu’une marque ne veuille pas travailler avec moi. Donc pour en vivre, je vais devoir faire un peu de business. Je suis justement en train de travailler là-dessus.

Le chiffre

130 000 : C’est le nombre d’abonnés de Parlons Franc sur Instagram. Il en a également 47 000 sur TikTok, et 27 000 sur YouTube.

ARTICLES SIMILAIRES
- Publicité -
- Publicité -

Articles populaires

- Publicité -
X