Lorsqu’il avait vingt ans à la fin des années 1970, Étienne Wolf a préféré faire une coopération plutôt qu’un service militaire. Il a été amené à se rendre en Côte d’Ivoire et à enseigner dans un petit séminaire. « L’évêque auxiliaire travaillait avec des œuvres caritatives allemandes, mais ne parlait pas un mot d’allemand. Je l’aidais à traduire les lettres et à écrire des réponses. Pour me remercier, il m’emmenait lors de ses tournées dans son diocèse. Les habitants savaient m’accueillir et ce sens de l’hospitalité m’a travaillé à mon retour en France, jusqu’à mes quarante ans », explique Étienne Wolf. Avec Paul Dacoury, un religieux, le Brumathois décida d’intervenir dans le village de Kotoka dès 1997. « L’hôpital le plus proche est à quatre-vingts kilomètres. Pour les aider, c’était un dispensaire qu’il fallait construire en priorité, mais je ne savais pas avec qui ou comment le faire », complète le maire de Brumath.
L’association Brumath-Kotoka
Étienne Wolf a fondé l’association et s’est rapidement entouré de connaissances pour lui venir en aide. « Dans la structure, tout le monde est bénévole. Chacun accepte de partir travailler sur ses congés d’été et de payer les frais du séjour. L’idée, c’est que le chantier soit terminé au bout des deux mois de vacances. On envoie un container avec du matériel en Côte d’Ivoire et on achète certaines choses sur place pour faire fonctionner l’économie locale », détaille le président de l’association.
Le premier voyage de groupe était en 1999. Seize personnes y étaient en juillet, seize autres en août. Un dispensaire opérationnel et équipé a vu le jour après ce premier séjour. « En 2001, nous leur avons offert une ambulance. Je l’ai ramenée au village, c’était une surprise. Le chef est monté avec moi pour défiler dans la commune. J’avais l’impression d’avoir le Pape derrière moi », se souvient Étienne Wolf. Les années passent et les chantiers s’enchaînent. Une maternité, une bibliothèque, une maternelle, des urgences et même l’électricité ont été installées au village en moins de vingt ans. « En 2020, nous voulions faire une boulangerie, mais l’épidémie nous a stoppés net. Depuis, tout est devenu très cher. Il nous faut des moyens supplémentaires », déplore le Brumathois. Toutes les participations sont les bienvenues.
L’association est aussi venue en aide à des enfants malades: « Nous avons fait venir un petit garçon souffrant d’un problème cardiaque à Brumath, pour qu’il soit soigné en France. Aujourd’hui, il se porte bien. Une jeune fille atteinte d’une malformation aux pieds a aussi été prise en charge. Elle peut maintenant marcher sans difficulté », ajoute le maire.
Une reconnaissance importante
Emmanuel Konan, professeur et chef de service maxillo-facial au CHU de Treichville d’Abidjan, est aussi un interlocuteur et facilitateur ivoirien pour l’association Brumath-Kotoka.
« Notre rôle de facilitateur est de discuter avec les institutions en Côte d’Ivoire pour aider à l’élaboration de ces infrastructures, chèrement payées par le contribuable français. Lorsqu’il y a un courrier ou une information à transmettre rapidement, je suis là », explique le professeur. « Brumath-Kotoka rime avec Étienne Wolf. Lui et les bénévoles ont fait preuve d’un engagement extraordinaire pour aider. On ne peut qu’être dans l’admiration. Nous sommes reconnaissants de tout ce qui a été fait », poursuit-il. Lors d’un de ses voyages, le maire de Brumath a été reconnu «nanan» par les habitants du village, ce qui signifie chef, en ivoirien et prouve bien leur immense reconnaissance. En plus d’aider les locaux, les bénévoles essaient de faire découvrir la culture ivoirienne aux Alsaciens : « Ils paient même des excédents de bagages, lance Emmanuel. Chaque année, il y a des expositions pour faire découvrir notre pays. Le drapeau de Côte d’Ivoire flotte à Brumath. Il y a un jumelage qui s’est fait de façon naturelle ».
Préparer l’après
De jeunes Alsaciens, étudiants en école de soins infirmiers, devraient bientôt se rendre en Côte d’Ivoire, à Kotoka, pour découvrir la réalité de terrain en Afrique. « Je suis tenu de voir le directeur départemental de la santé à Aboisso pour faire en sorte que les personnes qui viennent soient reconnues administrativement », conclut Emmanuel Konan.