Ce jour-là j’étais là – Haguenau, capitale du bonheur de lire !

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Le 9 décembre 1837, je suis en avance pour les délibérations du Conseil municipal à Haguenau. Si je suis fébrile, c’est que l’on va voter la création d’une bibliothèque municipale !

Elle ouvrira dans les bâtiments de l’ancienne chancellerie. Haguenau et les livres, c’est une belle histoire de fidélité à la culture et à l’érudition. Dès le 12e siècle, l’empereur Frédéric Barberousse dota la ville impériale d’un fonds de livre précieux, on le sait par un poème de son secrétaire Godefroy de Viterbe qui évoque les meilleurs auteurs et les meilleurs écrivains sacrés. Un atelier de calligraphie fut créé en 1407 par Diebold Lauber et en 1489, Henri Grand ouvrit une officine suivie en 1512 par Thomas Anshelm qui publia des brochures de Luther et de Melanchton.

Aujourd’hui en ce milieu du 19e siècle, je sais que nous avons un fonds de départ de 1200 livres, et j’ai sollicité les riches producteurs de garance, comme la famille Hoffmann, qui m’ont promis d’offrir à la bibliothèque leurs collections privées. En 1870, la bibliothèque comptera 6400 volumes, littérature classique, agriculture et industrie. L’abbé Charles-Auguste Hanauer va rassembler des alsatiques haguenoviens dispersés dans toute l’Alsace, une énorme politique d’acquisition, 10 000 volumes ! En 1905, la bibliothèque va déménager au Musée historique du maire Nessel. Pendant l’annexion, en 1944, une bibliothécaire allemande apportera 5000 volumes et en 1969, les prêtres de Marienthal feront un don de 4000 ouvrages théologiques. La lecture, le bonheur des Haguenoviens !

Mon arrière-arrière-petit-fils Ambroise fréquentera dans les années 1960 la bibliothèque du musée, l’abbé Burg lui indiquant les livres de latin pour le cours du professeur Frankhauser. Et quand la bibliothécaire Madame Jeanne Steinmetz avait le dos tourné, il lisait en cachette quelques pages des aventures de James Bond, qui n’étaient pas vraiment au programme des cours de français au lycée.

Patrimoine des Bibliothèques de France, Alsace, Anne-Marie Bock, Payot, 1995.

Ambroise Perrin