Clio Williams 1996 – Rattrapé par le temps

Stéphane a longtemps attendu sa Clio Williams. Au volant d’une Clio 16S dans sa jeunesse – concassée dans un accident – il a fallu laisser le temps faire son œuvre et savoir sauter sur la bonne occasion. En 2018, la boucle était enfin bouclée.

0
1073
Un profil immédiatement reconnaissable.

Parmi les « youngtimers », il n’est pas peu dire que la Clio Williams aiguise les convoitises. À côté de la 205 GTI ou de la R5 Turbo, peu de modèles de ce genre ont su passer les âges sans perdre une seule ride et en gardant une côte très élevée chez les collectionneurs. « Elle est un peu en dehors de l’histoire de Renault », estime Stéphane, 53 ans, mon conducteur du jour, venu de Molsheim. « C’était Alpine et Gordini, et puis il y a cette collaboration avec Williams, parce qu’il y avait l’écurie de F1. »

Plus nerveuse que la Clio 16S, avec des rapports plus courts, et une assise taillée pour les petits virages, la Williams se singularise automatiquement par sa couleur bleue et ses liserés or. Indémodable, et immédiatement identifiable. « Il y a une forme de respect pour cette voiture iconique », poursuit Stéphane en montant sur l’A35. « On me fait des petits appels de phare, les gens me font des petits signes. On sait que 90% des gens ne vont pas faire les kékés avec, alors qu’elle est taillée pour le rallye. Mais faut savoir piloter. » (rires)

Les jantes dorées, un élément de décor qui a marqué l’histoire de l’automobile.

Modèle signé par Ragnotti

Ce modèle fait partie de la phase 2. La phase 1, ce sont les 3500 premières Clio Williams produites, et elles comportent toutes un numéro sur la planche de bord. Notre véhicule du jour date de 1996, mais elle a une petite singularité… « Lors d’un rassemblement Alpine Renault, elle a été conduite par Jean Ragnotti (une légende du rallye international, ndr), et signée sur l’aile avant gauche et sur le cache de l’auto-radio. D’ailleurs, il tient bien ce feutre !» (rires)

Mais comment on tombe sur une Clio Williams, l’un des modèles les plus recherchés de ces dernières années ? « En plus, faut voir l’état des bagnoles, pour la plupart, elles sont rincées, elles ont toutes 200.000 bornes… Et puis je tombe sur une annonce, pas de téléphone, il fallait envoyer un mail en expliquant pourquoi on voulait la voiture. »

Stéphane va alors raconter sa passion pour la Clio 16S, ce rêve de toujours d’avoir entre les mains une Williams, de revivre cet âge d’or, celui de l’insouciance. L’histoire de cette 16S pliée entre deux camionnettes… « J’avais 20 ans, et pas d’oseille pour en racheter une, j’étais frustré. Mon histoire avec la Clio n’était pas finie. » Des mots qui vont toucher le vendeur, qui sait désormais que sa voiture ne va pas servir à faire des burns sur le parking d’Auchan. On est en 2018, la voiture affiche 150 000km au compteur, et le propriétaire donne l’historique d’entretien complet. Elle est totalement d’origine, même si la peinture a dû être refaite dans le bleu métallisé originel.

Un habitacle confortable et remarquablement conservé.

Histoire de famille

Sur la route, le 2L de 150cv répond gaiement aux sollicitations, et il faut bien le dire, le son qui émane du moteur est plutôt réjouissant. Un vrai kiff en fait. Stéphane laisse la Clio de temps en temps à sa fille, qui a déjà coché la Williams dans la liste de l’héritage. Pas de doute, le bolide va rester dans la famille. Les marques, les voitures, ce sont d’ailleurs souvent des histoires de famille. Si Stéphane est Renault, c’est parce que sa mère roulait en R8. On y ajoute aussi une histoire française, ce qui n’est pas anodin quand on a passé la cinquantaine : « Peugeot, Renault, Citroën, c’est ancré ! C’est quelque chose qui est au fond de toi, c’est une histoire sportive. Pour ma génération, c’est mythique. »

Légendaire.

La question qui tue traditionnelle : quelle est l’autre voiture qui vous fait rêver ? « J’aimerais beaucoup trouver une R8S… Jaune ! A minima. Sinon une R8 Gordini, mais là c’est pas le même budget, et il faut quand même savoir être raisonnable ! » Raisonnable, il le restera au volant, ne faisant rugir le moteur que par petites séquences. La Williams n’avait pas roulé depuis deux mois. Elle avait quelques fourmis dans les jantes. Et Stéphane quelques papillons dans le ventre.


 

« La pollution, un faux débat »

Pour Stéphane, pointer du doigt les véhicules anciens n’est pas fondé : « Déjà, il n’en reste plus beaucoup, ensuite, on va faire quoi ? 2000, 3000 km par an ? Le bilan carbone de ces voitures, il est terminé depuis longtemps. La voiture de collection, c’est du patrimoine. Et sincèrement, des voitures d’aujourd’hui qui seront des icônes dans 30 ans, vous en voyez beaucoup ? Tout est uniformisé. Et je n’ai pas très envie de venir flinguer mon embrayage en centre-ville ! »