Du tic au tac #2 La molaire de mon père

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©Jacky Wendling

Coucou les amis c’est Jacky le Brumathois et je viens vous raconter un de mes souvenirs, mais celui-ci concerne mon père Rémy quand il était encore un adolescent. Lorsqu’il la raconte lors des repas de famille, elle me fait toujours rire, mais à ses dépens. Pareil pour ceux qui l’écoutent. Mon père est né et a grandi à Offendorf, petit village juste à côté de la frontière allemande (juste pour situer pour ceux qui ne connaissent pas). Il fait partie de cette génération qui n’aime pas aller chez le docteur, car il a toujours peur d’apprendre une mauvaise nouvelle, et aussi à la campagne il était de mode de se soigner à l’ancienne avec les recettes de grand-mère, et bien souvent efficaces pour certains maux.

Donc, mon père, à l’âge de l’adolescence juste après la Seconde Guerre mondiale, souffrait atrocement d’une molaire fortement cariée, les brosses à dents et le dentifrice, on ne connaissait pas trop en cette époque. Ma grand-mère lui dit : geh zum hüss doktor (va chez le médecin de famille). Il faut savoir que les dentistes et les médecins étaient rares dans les petits villages de campagne, il fallait souvent faire plusieurs kilomètres pour avoir des soins. Mon père prit sa bicyclette pour le village voisin et consulter ce fameux médecin familial. D’ailleurs, petite parenthèse, je raconte cette anecdote tout en alsacien dans l’une de mes vidéos Professeur Djack d’Alsace.

Une fois sur place, le médecin regarda la dent et dit : Junger (petit) on va la sortir, car elle est déjà bien pourrie. Comme il n’était pas dentiste, il n’avait pas le matériel prévu pour les soins. Donc, sans anesthésie, il prit sa Bissang (pince à tenaille) et arracha cette molaire douloureuse. Mon père retourna chez lui, mais il souffrait encore plus qu’avant, sûrement à cause de l’extraction. Les douleurs étaient de plus en plus fortes, à tel point que ma grand-mère lui dit de retourner voir le médecin de famille. Il reprit sa bicyclette et au bout de quelques petits kilomètres il était de nouveau sur place. Le médecin lui dit : «Mach s’mul huff» (ouvre la bouche) et là (c’est le moment hilarant de cette histoire) il lui dit : « Hoplà je crois que j’ai arraché la mauvaise dent, juste celle d’à côté qui était encore bien saine », et la pourrie elle trônait bien en place. Rebelote, la même scène, avec la pince pour bien finir le travail.

Quand mon père nous raconte ses histoires, il nous dit à chaque fois que les médecins de l’époque n’étaient pas que des médecins, mais aussi des metzger (boucher). Depuis, il a toujours peur quand il a rendez-vous chez un vrai dentiste, même si maintenant ils ont tellement évolué, les soins sont sans douleur.

P.S : Je suis le même Hosse Schiesser (froussard) que lui à ce niveau-là. Je n’ai pas de photo de mon père de cette période, donc je joins cette photo récente de lui et moi avec ma petite fille, son arrière-petite-fille Lya, notre petit rayon de soleil, qui plus tard va se régaler en lisant ces petits souvenirs.

Jacky Wendling

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