La « petite marchande » qui jouait à Ettendorf avec ses frères a tout de même tenté la voie générale en seconde, « pour faire plaisir aux parents ». Mais Cynthia Schoenacker, 35 ans aujourd’hui, s’est vite réorientée vers un CAP, non sans « avoir pris en maturité pour supporter la rigueur de l’apprentissage ».
Après cinq années à Saverne, elle gère un rayon fleurs à Bischwiller, « j’y ai appris la gestion du stock, l’inventaire, les marges, etc. » se souvient-elle dans un sourire. Maman d’un garçon de 9 ans, Cynthia choisit de rester au foyer avant d’ouvrir sa propre boutique L’Hortensia bleu, un atelier et un magasin de 50 m² tout près de la Porte de Wissembourg.
Du papier en fibres de banane
Et derrière le logo qu’elle a dessiné elle-même, les fleurs fraîchement coupées parfument l’air ! « Les bouquets d’automne sont mes préférés », glisse-t-elle en montrant d’impressionnants hortensias aubergine. Elle prépare ses compositions « au jour le jour, jusqu’à quinze le samedi et le dimanche », en effleurant les roses corail, les eucalyptus et les mini pommes, tous dans des « couleurs chaudes et chatoyantes ». Ici, on emballe dans du papier en fibres de banane, les objets déco viennent d’artisans portugais ou espagnols, et les fleurs sont locales dès que possible. Elle estime que même si une rose vient d’Équateur, « elle a poussé sans chauffage au contraire des serres hollandaises ». Cynthia gère aussi bien le côté environnemental de son métier que les salons, les livraisons, la boutique, avec une fleuriste free-lance parfois et des apprentis, « difficiles à trouver ».
Mais ce qu’elle « adore » par-dessus tout, ce sont les mariages : au rythme d’une cinquantaine par saison, c’est « le thème donné, le challenge »
et surtout « l’émerveillement des mariés » qui l’attirent. Récompensée par la médaille d’or régionale au concours de Meilleur apprenti en 2008, la jeune femme songe à « passer le concours de Meilleur ouvrier de France, un jour… » S’il faut du temps, Cynthia a déjà le talent.
La note de Robin Léon
« J’ai choisi de mettre ma sœur en avant, car dès qu’elle peut, elle me donne un coup de main. Lorsque je n’ai pas de chauffeur, elle roule pour que je puisse me reposer. Dès qu’il y a un problème, c’est elle que j’appelle. Nous sommes mes deux frères et notre grande sœur très soudés, car nous avons perdu notre père il y a quelques années. Dès que j’ai besoin d’offrir des fleurs, je vais dans sa boutique. Comme moi, elle vit de sa passion, et je trouve ça incroyable .»
