Je ne suis pas là de Lize Spit

L’autrice flamande raconte avec une précision clinique, à la façon d’un thriller, comment la maladie mentale prend possession d’un couple. Éditions Actes Sud.

0
600

Léo et Simon se sont rencontrés durant leurs études, partageant une complicité heureuse au cœur de cette vie qu’ils se sont construite. Lui est un graphiste doué, elle travaille dans une boutique branchée pour femmes enceintes tout en rêvant de vivre de sa plume. Les années passent, l’appartement, le chat, les amis et les habitudes donnent à l’existence cette impression que l’on est sur le bon chemin. 2019, Léo, 28 ans, est immergée dans son travail lorsqu’elle reçoit un appel paniqué de Lotte, sa meilleure amie. On sent dès les premières lignes le drame en train de se jouer. Elle aura onze minutes, et pas une de plus, pour rentrer chez elle à vélo et « tenter d’empêcher l’irréparable ».

En alternance de cette course contre la montre, le roman déploie l’histoire du couple et de ce qui s’est joué dix mois plus tôt pour en arriver là, l’autrice nous livre subtilement et habilement les clés de compréhension de manière terriblement habile. Une nuit Simon rentre tard et complètement excité, fier d’arborer un tatouage derrière l’oreille, bien décidé à démissionner de son emploi et à se lancer dans une nouvelle vocation dont il a eu la fulgurante révélation. Pourtant, Simon n’est pas saoul.  À ce moment-là, Léo ne comprend pas. Pourquoi Simon lui est-il devenu étranger d’un seul coup ? Qui est celui qui se tient devant elle ? Elle ne le reconnaît pas, elle n’a pas le pouvoir de le ramener sur le rivage de leur territoire commun, de leur intimité partagée. Simon a basculé. La tragédie se déploie et l’on entre dans un vertige qui ne nous lâchera pas jusqu’à cette dernière phrase comme un coup de poing.

L’écriture fait résonner un hurlement sourd et glaçant. Le chaos de la maladie et de ce qu’elle engendre, cette « disparition » de l’être aimé et de tout ce qui constituait cette vie à deux donne un récit déchirant. Lize Spit confirme son formidable talent et l’on ne peut qu’être abasourdi par ce texte et cette plongée dans les affres d’une nuit sans fin.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par @lodyssee_des_mots