Le ciel en sa fureur d’Adeline Fleury

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Dans ce roman singulier, l’autrice nous emmène aux confins d’un monde reculé, au cœur d’un village retranché, dans une campagne isolée et hostile. Celle où cohabitent deux mondes que tout oppose. D’un côté, le monde rural, âpre, rugueux, baigné par ses secrets enfouis, ses habitants taiseux, ses légendes ancestrales et les portes derrière lesquelles se cache l’inavouable. De l’autre côté, les habitants du lotissement, des citadins qui ont décidé d’investir la campagne au nom d’un idéal de vie, mais qui n’ont ni les codes ni la connaissance de la terre. Ils sont comme des envahisseurs sans âme, rejetés par les ruraux qui n’aiment pas l’étranger et ce qu’il vient piller. La terre et ce qu’elle renferme de secrets bien gardés appartiennent aux villageois et la méfiance est permanente.Julia et la Grande Stéphane ont voulu fuir la fureur de leur vie citadine, en pensant que dans ce village reculé, elles pourraient donner un nouveau tournant à leur existence, loin des souvenirs envahissants du passé. Des femmes robustes et courageuses, prêtes à fouiller dans le passé du village et ses secrets trop bien dissimulés. Elles vont devoir faire face à une série de meurtres d’animaux, ravivant la folie des villageois qui préfèrent ranimer le souvenir du Varou, des « enfants fées » et des énergies néfastes, plutôt que les souvenirs douloureux enfouis. Face aux regards méfiants, les deux jeunes femmes solidaires vont mener leur enquête pour comprendre ce qui se cache derrière ces manifestations presque irréelles, dans ce village trop tourmenté. Et l’on ressent à plusieurs reprises une sensation étrange. L’autrice possède cette capacité de nous amener au sein d’un monde dont les codes déstabilisent et intriguent.

Ce livre magnétique fait sortir le lecteur de sa zone de confort, le faisant osciller entre différentes strates de lecture, qui interrogent encore une fois le récit terminé. Il n’y a pas que de la fureur dans ce ciel messager des dieux, il y en a aussi dans ce texte dont il faut souligner l’exigence de la langue. Un texte envoûtant aux parfums inquiétants.

Isa sur Insta