L’original du Concordat napoléonien exposé aux Archives d’Alsace

Revenir sur l’origine du droit des cultes local en Alsace-Moselle et donner les clés aux citoyens pour se prononcer sur sa pérennité, tel est l’objectif de l’exposition Le rouge et le noir, actuellement à Strasbourg, comme l’explique François Petrazoller, le directeur des Archives d’Alsace.

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Des repères historiques, des archives et des témoignages pour aborder le Concordat en connaissance de cause. / ©Dr
D’où vient ce titre, Le rouge et le noir ?

François Petrazoller : Le rouge symbolise l’armée et l’État par extension, et le noir, le monde de l’Église, la soutane, mais c’est aussi une référence au roman de Stendhal où Julien Sorel est partagé entre une carrière dans l’armée pour briller avec son modèle Napoléon—l’instigateur du Concordat—et son désir de rentrer dans la prêtrise parce qu’il y voit une source de pouvoir. L’exposition évoque l’hésitation qu’a subie l’Alsace entre pouvoir de l’État et de l’Église depuis Clovis, leurs influences ont été tantôt contradictoires, tantôt complémentaires. Le Concordat de 1801 est un compromis extrêmement stable qui a permis à la France de rentrer dans la modernité sans renoncer à ses traditions religieuses. L’acte original nous a été prêté de manière exceptionnelle par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

À qui s’adresse l’exposition ?

À tous, et elle est trilingue. Nous avons déjà accueilli de nombreux scolaires, accompagnés par une nouvelle gratuite appelée Il y a un truc qui m’échappe en Alsace, de Daniel Fischer et Sylvie de Mathuisieulx, où on raconte dans leur langage une histoire qui donne des repères. L’objectif est de donner des éléments pour se prononcer eux-mêmes sur la pérennité du droit du culte, est-ce une anomalie ou un équilibre ? Il s’agit de former des citoyens de demain qui pourront prendre des décisions en toute connaissance de cause, avec les témoignages des historiens, juristes et philosophes qui sont diffusés dans l’expo.

Concrètement, qu’y trouve-t-on, des documents, des archives ?

Oui, dans la deuxième partie, on trouve des films amateurs, des souvenirs de fêtes religieuses, des photographies de famille, des portraits de religieux enseignants, du scoutisme, de l’entraide sociale, etc. La première partie est historique pour fixer les repères, et la troisième laisse place au débat, aux témoignages et aux chiffres. Par exemple, l’Islam est la troisième religion de France, mais absente du Concordat, est-elle appelée à rejoindre les religions concordataires ? C’est un des grands défis de l’avenir.

Aux Archives d’Alsace, rue Philippe Dollinger à Strasbourg jusqu’au 10 décembre, du mardi au vendredi de 9h à 17h et le dimanche de 14h à 18h, entrée libre. Renseignements www.alsace.eu, commande du livre au 0369067306.

L’info en plus

« La notion de Concordat est souvent citée comme un des symboles du particularisme alsacien-mosellan, alors qu’une grande partie de l’Europe vit sous régime concordataire ! Ce qui est exceptionnel, c’est le régime du reste de la France », précise François Petrazoller.