Lutzelhouse – Clément Gass, vu du cœur

Aveugle de naissance, Clément Gass est devenu un athlète de haut niveau. Depuis dix ans, il pratique la course à pied et participe régulièrement à des trails. À l’aide d’une application GPS et d’un guidage vocal, il parvient à se déplacer sans risque.

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L’athlète Clément Gass. / ©Dr
Pour se lancer dans la course à pied, il faut oser. À quoi ressemblaient vos
débuts ?

Petit, j’allais jouer dehors avec mon frère. J’ai pris l’habitude de me débrouiller tout seul. J’ai commencé à courir sérieusement avec mon ami Christian en 2013. Ensemble, nous avons fait des marathons et d’autres courses longues. Nous courions alors dans un format
« classique », en se tenant le bras ou reliés par une cordelette. J’étais autonome pour courir sur des parcours d’entraînement connus, que je découvrais et mémorisais avec le temps. En compétition, c’était difficile au début. Pour moi, la marche ou la course à pied sont avant tout des moyens de déplacement. Aujourd’hui, l’entraînement pour la course à pied en compétition est secondaire.

Pour vous déplacer sans danger, vous utilisez une application. Quelle est sa particularité ?

Effectivement. Un chercheur a développé une application: OpenWay. C’est un GPS avec guidage. Il annonce les directions comme sur un cadran solaire, 4h, 6h, etc. Il m’indique aussi le nombre de mètres et de secondes avant un virage, par exemple. Le guidage est vocal et ultra rapide pour coller au mieux à la réalité du parcours. Il permet d’aller presque partout. Il est très précis. Avant chaque compétition, je repère le parcours une première fois. Sur l’application, je peux renseigner les éventuels obstacles afin de ne pas être surpris lors de mon passage. Ça me permet de maintenir un rythme de course, sans craindre ce qui m’attend. La dernière course que j’ai faite à titre individuel date de l’an dernier, sur le trail du Kochersberg. J’ai couru aux côtés de jeunes déficients visuels, à qui j’ai fait découvrir la pratique.

Vous êtes actuellement blessé. Y a-t-il un lien avec la course ?

Je fais régulièrement quatre-vingts kilomètres en montagne et il ne m’arrive jamais rien. Cependant, quand je traverse un village, il m’arrive quelque chose. Finalement, dans le milieu naturel, les obstacles sont prévisibles, mais pas dans un espace urbanisé. Il y a des pièges beaucoup plus dangereux, comme des voitures, des vélos, mais aussi des travaux non signalés.