Mietesheim – Le jour où… Gretel, 91 ans, a joué de chance…

Gretel est née en 1932, c’est donc du haut de ses 7 ans qu’elle voit éclater la guerre. Elle garde des souvenirs très marquants de cette période qui lui a appris que les choses n’arrivent pas souvent comme on l’imagine...et que la chance peut changer un destin.

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Gretel. / ©Documents remis

Fin janvier 1945, Gretel a 12 ans, elle se retrouve réfugiée avec sa famille dans la cave voûtée du voisin à Mietesheim durant trois semaines. Une trentaine de personnes y cohabitent tant bien que mal, se reposant sur des matelas disposés directement sur les tas de patates et de navets. Le plus important est que l’on s’y sent en sécurité. Subitement, les habitants ont l’ordre d’évacuer le village. En effet, à Bitschhoffen, à trois kilomètres de là, les Américains préparent une offensive. Dans la matinée, un long convoi prend le départ direction Froeschwiller. La famille de Gretel marche derrière une charrette chargée de l’essentiel, tirée par trois vaches. Le convoi évolue dans une haute couche de neige et la descente de la pente abrupte qui débouche sur Uttenhoffen est épique. Gretel a eu le droit de s’asseoir sur la charrette, car c’est elle qui porte dans ses bras sa jeune sœur à peine âgée d’un an. Lorsque des tirs éclatent dans leur direction, Gretel ouvre tout simplement son parapluie et se blottit dessous avec sa sœur, s’offrant un semblant de sécurité. Elle voit les balles ricocher dans les champs avoisinants. Arrivés sains et saufs à Froeschwiller, de nuit en début de soirée, les membres de la famille de Gretel apprennent que de jeunes soldats allemands, qui n’avaient pas 20 ans, ont investi la cave de Mietesheim. Et à peine deux jours plus tard, cette nouvelle leur parvient : une bombe américaine a atteint la cave voûtée où tous se pensaient en sécurité et aucun soldat n’a survécu.

Aujourd’hui Gretel est toujours et encore reconnaissante d’avoir eu la chance de mener sa vie, entourée de son mari et de ses trois garçons. Elle savoure les moments passés avec ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants qui lui font la joie de lui faire parvenir tous les quinze jours un petit journal illustré de photos, pour partager avec elle leurs anecdotes du quotidien.

L.B.