Le jour où… Lotte, 90 ans, a quitté ses sabots

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1932. Lotte naît au moulin Waldmühle de Hoffen où le clapotis de l’eau de la rivière berce son sommeil. C’est cette même rivière, dont les rives sont bordées de saules, qui fait tourner le moulin de son père.

Toute la famille gambade entre champs et moulin, équipée de sabots en bois pour un usage quotidien, les chaussures étant réservées aux dimanches et jours de fête. Lotte entend encore résonner le bruit si typique des sabots sur le chemin de l’école. Chaque printemps, elle allait voir le sabotier du village pour se faire mesurer le pied et se faire fabriquer une paire neuve. L’hiver était passé par là avec ses glissades sur les étendues d’eau gelée. Ça patinait bien ! Les sabots s’en retrouvaient donc élimés et puis les pieds avaient grandi. Le père de Lotte apportait à l’artisan des rondins de saules bordant la rivière, coupés pour cet usage, on ne pouvait pas faire plus local et économique! Et c’était tellement pratique, on les enfilait avec des chaussons qui tenaient bien chaud en hiver, et l’été le bois aspirait l’humidité liée à la transpiration.

Faciles d’entretien, Lotte se souvient que quand ils étaient boueux, on pouvait les laver simplement à l’eau. La rigidité du bois peut paraître inconfortable, mais Lotte assure que pour la posture et le dos, il n’y a rien de mieux. C’est à l’âge de 14 ans, avec le vent de nouveauté de l’après-guerre, que Lotte quitte ses sabots, et son enfance.

Aujourd’hui, il lui reste le goût de la récup’ : Lotte garde ce qu’elle trouve dans la nature et passe de longues heures à confectionner de jolies cartes et décors.

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