Le jour où Salmel, 90 ans, est restée fidèle à l’alsacien !

Salmel a accepté de rencontrer Maxi Flash, uniquement si l’entretien se faisait en alsacien, sa langue maternelle, sa langue de tous les jours, sa langue d’amour depuis 90 ans.

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Salmel. / ©Dr

Née à Hoffen où elle vit toujours, elle grandit entourée de ses parents et de son frère. Elle se souvient de l’année d’évacuation en Haute-Vienne, dans une grange avec des poules et des difficultés à échanger avec les « Français de l’intérieur ».

De retour dans la région annexée, elle poursuit sa vie avec la langue de ses racines. Quand elle rentre de l’école, elle trouve un mot, en alsacien, sur la table, il lui indique le champ où rejoindre ses parents, pour biner les navets ou récolter les patates, pour eux les devoirs peuvent bien attendre ! Et les copains pour s’amuser aussi.

À la Libération, sa scolarité se termine sans jamais avoir réellement fréquenté l’école française, juste le temps de faire la différence entre un accent circonflexe et un accent grave ! D’ailleurs ses parents n’accordent pas d’importance à l’apprentissage du français et prétendent qu’on peut bien faire sa vie sans.

Lorsque Salmel souhaite s’éloigner du village et s’initier à d’autres choses, elle se retrouve pendant un an au service d’une famille de Haguenau où l’alsacien est, décidément, aussi de mise ! La maîtresse de maison l’appelle Salmelè (petite Salomé)…

À son retour à Hoffen, la vie continue au doux son du dialecte. Elle se marie, élève ses deux enfants et avoue ne jamais avoir eu à faire l’effort de parler français. Du reste, depuis toute jeune, elle a une passion pour les cactus et eux non plus n’ont pas souffert du fait qu’elle les élève en alsacien ! Évidemment Salmel n’a rien contre la langue française, elle la comprend très bien et suit, par exemple, le Tour de France à la télévision française. Elle déplore juste le fait que les appels téléphoniques à visée commerciale ne soient jamais dans sa langue de cœur, l’alsacien facilite tellement les premiers contacts !

Et quand elle tente de s’exprimer en français, Salmel aime se faire corriger par ses arrière-petits-enfants, dont elle encourage les parents à transmettre notre patrimoine linguistique.

Line