Marisa et ses lamas en Suisse italienne

Dans le Tessin, cette partie italienne de la Suisse nommée Ticino par les autochtones, qui est une région sauvage et préservée, on ne s’attend certes pas à voir des lamas. Et pourtant, c’est là, dans la vallée encaissée du Centovalli (c’est-à-dire les cent vallées), dans les splendides paysages du Monte Comino que vit Marisa Bäschlin avec ces animaux andins, à 1200 mètres d’altitude, en son domaine de “Lama Trekking Ticino”, avec une vue imprenable sur les cimes environnantes.

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Lamir est le chef des mâles. Il est doux et docile, mais dès qu’il est en liberté, il n’a qu’une hâte : courir vers l’enclos des femelles. / ©S.M.

Marisa aime tant le lieu qu’elle y vit désormais toute l’année, même en hiver où pourtant la neige et le froid rendent la vie rupestre. Un petit téléphérique permet d’accéder de Verdasio au domaine de Lama Trekking Ticino et à en redescendre. On peut aussi y accéder à pied, mais le sentier est très pentu. Depuis son domaine, il est possible de faire de vastes randonnées, dans une nature riche en faune, en lièvres, chamois, chevreuils, en flore et en forêts de hêtres, bouleaux et conifères. Marisa propose diverses sorties, toujours accompagnées par les lamas : des excursions à la demi-journée ou à la journée. Comme les lamas peuvent porter de lourdes charges, des randonnées avec des repas inclus ou des trekkings de deux jours et plus, avec des nuitées en pleine nature, sont possibles. Tout le matériel nécessaire est transporté par les animaux.

Marisa Bäschlin en ses vues imprenables du Monte Comino. / ©S.Morgenthaler

Elle parle avec attachement de ses lamas. Ils lui sont proches et elle comprend leur moindre regard et mouvement. « Lorsque les femelles accouchent, dit-elle, étonnamment elles ne lèchent pas leur petit et ne le sèchent pas. Comme la naissance se déroule toujours dehors et toujours l’après-midi, il y a suffisamment de vent et de soleil pour que le petit sèche rapidement. Il est très vite sur pied dès qu’il est sur terre. En dix minutes, il est capable de gambader. »

Latan le bicolore, qui arbore un beau poitrail blanc et un tronc couleur caramel. / ©S.M.

Marisa a toujours rêvé de cette vie en altitude. Elle a grandi dans une ferme à Brissago, dans la vallée, au bord du Lac Majeur. Elle a quatre enfants qui ont grandi à Tegna. Ils ont aujourd’hui entre 33 et 45 ans. Elle a attendu qu’ils aient fini leurs études, avant de se lancer dans son aventure des cimes. Son mari, Jean-Pierre Bäschlin, un Bernois, vient la seconder lorsque son travail administratif dans la vallée lui en laisse le temps. Elle a aussi l’aide d’Andrea et celle de Luca, ainsi que de Federica qui la seconde à la cuisine. Elle avait souvent songé à ce projet d’installer des lamas en ces hauts lieux. Elle s’est lancée en 2013 avec une dizaine de mâles et autant de femelles.

Des prairies avec vue sur les Alpes environnantes. / ©S.M.

Le lama est un camélidé comme le chameau et le dromadaire. Il appartient au groupe composé de trois autres petits camélidés : l’alpaga, le guanaco et la vigogne. Ces animaux se plaisent en ces altitudes, où l’herbage brouté leur sied à merveille. « Je constate que lorsque je suis parfois contrainte de descendre avec eux vers la vallée, ils ont hâte de remonter ici pour la qualité de la pâture, je le devine à leur euphorie dès lors que nous remontons », précise Marisa dans une langue française maîtrisée. Au fil des années, elle s’est familiarisée avec les lamas, comprenant le caractère de chacun, sachant créer avec psychologie les duos hommes-bêtes pour la promenade. « Les mâles et les femelles vivent toujours séparés, ainsi on évite les combats entre mâles, précise Marisa. Les femelles sont bienveillantes avec les mâles sauf lorsqu’elles attendent des petits. Elles deviennent alors très agressives. » Comme elle aime cuisiner, elle propose des repas sur place destinés aux visiteurs, même ceux qui ne font pas de sortie avec des lamas. Elle prépare des tartes et révèle qu’elle est une passionnée de pain qu’elle cuit elle-même. Elle aime réaliser des pizzas qu’elle cuit dans un four en granit –la pierre des lieux–, construit en bordure de la terrasse qui accueille les promeneurs.

Les hauteurs du Montecomino ne sont pas celles de l’Altiplano, mais les lamas s’y sentent bien. / ©S.M.

Le 1er août, jour de la fête nationale en Suisse, les fermes ont pour habitude d’ouvrir leurs portes et de proposer des brunchs. Ce que fait également Marisa, en activant le four à pizza. Elle évoque les soirées d’été magiques où les promeneurs s’attardent pour apprécier le ciel étoilé et le contact fort avec la nature. « La dernière cabine descend à 18h30, précise-t-elle. C’est tôt, mais je peux faire descendre le promeneur à n’importe quel moment : j’ai la main pour activer cette petite cabine téléphérique de 4 places. » En quittant Monte Comino pour retourner vers la vallée, j’avais le cœur et le corps en parfaite sérénité.

Mon lama est fraîchement tondu. Sa laine, hypoallergénique, sert à de multiples effets. /©s.Morgenthaler

www.lamatrekkingticino.ch

Famiglia Marisa & Jean-Pierre Bäschli
Tél. mobile +41 (0)79 240 13 09
Tél. fixe +41 (0) 79 240 13 09
Monte Comino est accessible en moins de 7 minutes par le petit téléphérique qui part de Verdasio à 100m de la gare Fart (dans la vallée de Centovallina).
Départ toutes les 30 minutes.

Pour les horaires du téléphérique :
www.comino.ch/de/fahrplan-und-tarif